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S'informer et mettre en œuvre le Plan Paysages | N°6 - Juin 2023
"Il en est des paysages comme des hommes :
il faut un peu les vivre pour pénétrer leurs secrets"
Harry Bernard - Ecrivain, journaliste, penseur québécois (1898 / 1979)

Entrée de ville et de village : entre espace bâti et grand paysage

A la rencontre des entrées de communes

L’entrée de ville -ou de village-, c’est la porte d’entrée ou plutôt le sas, plus ou moins long, avant d’entrer dans l’espace bâti. Parfois accueillante, parfois austère, c’est un lieu particulier qui donne une première image à la commune : une impression. C’est également un espace de transition entre l’espace bâti et le paysage alentour.
Nous pourrions parler d’une « expérience entrée de ville ou de village ». Cheminant à travers le grand paysage, la route nous amène vers un espace plus à l’échelle de l’Homme : l’urbanité (espace comprenant les constructions ainsi que tous les espaces attenants : places, parcs et jardins, stationnement, etc.).
Nous pourrions définir l’entrée de ville, comme l’espace au cours duquel on se sent passer du grand paysage au tissu urbain. Pour l’automobiliste il s’agit d’un point clé, où par la configuration de l’espace, il est invité à ralentir. Cette configuration peut être le fruit de formations naturelles ou d’un aménagement spécifique.

Mais qu’est ce qui définit l’entrée de ville ? Le point précis où se dresse le panneau d’entrée d’agglomération ? Ou plutôt l’espace vécu dans lequel on se sent entrer dans la ville ou le village ?

L'endroit où naissent les trottoirs ...

L'entrée de ville ou de village est souvent le lieu où l'espace public ne se cantonne plus à la chaussée dédiée aux véhicules. De nouveaux usages apparaissent, dédiés à la rencontre, à la circulation locale (piétonne, vélo), au jeu parfois.
Après ce seuil signifiant à l'automobiliste qu'il entre dans un espace de vie et non plus un espace traversé : les voies de circulation se réduisent permettant aux véhicules d'adopter une allure plus apaisée : cadre d'une vie locale sereine pour ses habitants.

Les modes doux viennent alors y trouver leur place : mais ceux-ci doivent-ils se cantonner à l’entité urbanisée ?

  • Les trottoirs ne pourraient-ils pas se prolonger en sentier et chemin, pour également s'étirer vers les communes voisines au travers les franges, les parcelles agricoles ou les forêts ?
  • Ne pourrait-il pas y avoir de nouvelles voies dédiées aux cyclistes pour relier en toute sécurité la commune voisine ?
Point de jonction entre la frange urbanisée, le grand paysage et la traversée de ville et village, l'entrée de commune apparaît comme un espace de rencontre qui se doit d'être accueillant et support aux besoins des habitants et des usagers des modes doux.
L’entrée d’agglomération n’est en fait qu’un élément ponctuel d’un espace beaucoup plus vaste : la frange. Aussi appelé lisière, c’est un élément linéaire, plus ou moins large, plus ou moins défini qui assure également la transition entre le tissu bâti et les espaces naturels ou agricoles alentour tout autour de la commune.

La Communauté de Communes du Triangle vert, traite de ce sujet depuis quelques années déjà, mais on ne vous en dit pas plus aujourd'hui, ce sera l’objet de notre prochaine lettre « Paysagez-vous » !

Voyage en espace indéterminé

Parfois, aucun doute, une entrée accueillante nous mène tout droit à un espace urbain parlant. Une nette zone de transition est facilement définissable. Mais qu’en est-il des zones diffuses ? Quel sens donner à cet entre-deux ? Ni dans le paysage alentour, ni dans l’urbanisation avérée ? Où se trouve l’entrée ? Quels usages y a-t-il ? Quel espace vécu ? Des murs et clôtures sont là pour protéger les habitations d’une voie trop bruyante, trop passante, insécuritaire peut-être ?

L'habitat diffus

Les développements urbains d’après-guerre, basés sur le modèle du tout voiture ont conduit à un développement tentaculaire le long des axes routiers principaux. Résultat : on a poussé les panneaux d’entrée de ville vers le grand paysage, construit autour des grandes voies de circulation et dans les lisières, des habitats éparses qui ont contribué à perdre ces habitats denses et groupés qui marquaient clairement l’entrée dans l’urbanité.

L’apparition de ces espaces diffus, longs, au gabarit de voirie plus que confortable a créé un espace flou, un entre-deux. Sommes-nous déjà dans la ville ou en périphérie ? Pour l’automobiliste, il entre dans un couloir, à la perspective nette et sur une voie large. Rien n’invite à ralentir, bien au contraire, la vitesse est peu palpable. Résultat : Souvent les trottoirs sont déserts, les devantures de maisons murées parfois derrière de hautes haies ou clôtures : pas d’Homme, pas de vie …

La zone d'activités

Autre secteur basé sur le même modèle : les zones d’activités économiques. Si elles permettent d'accéder rapidement à des commerces et services, elles sont le fruit d'un système basé sur le tout voiture dont les limites sont de plus en plus prégnantes. Aux portes de la commune, collé à l’espace urbanisé, souvent la greffe n’a pas pris. L’espace fonctionne en vase clos, nourris par le cordon ombilical que représente la route départementale ou nationale. Souvent "posé là", il ne contribue pas à l’image de la ville mais vient intensifier le flux de véhicule dans sa périphérie, augmentant ainsi nuisances et sentiment d’insécurité.

Pour sécuriser et fluidifier le trafic, on y construit alors des rond-point, des terre-pleins centraux, on y élargi les voies, etc. Petit à petit on chasse davantage les autres mobilités : où va le piéton ? Le cycliste ? Une fois les voies sécurisées par l’absence d’obstacle : les automobilistes roulent plus vite. Sommes-nous alors réellement plus en sécurité ?

Plus loin, pour sécuriser les autres mobilités, on installe une chicane, un ralentisseur, et on s’efforce de maintenir un espace propice à la vie. Ralentissement brusque, ballotage des passagers, crissement de pneu, bruit et choc du franchissement d’obstacle, réaccélération, etc. : quelle expérience offre-t-on aux automobilistes comme aux habitants ?

Le contournement

Certaines communes passantes, pour soulager la fréquentation de leurs rues, bâtissent des voies de contournement, ceinturant une partie de la ville en contrepartie d'un apaisement de l’espace public.
A vu d’automobiliste, il constitue un lien efficace entre deux destinations, mais il est également, pour les habitants, un obstacle aux mobilités douces entre deux communes voisines via les chemins ruraux alentour.

En bord de contournement, entre espace bâti et espace passant, la tentation est alors grande d’y implanter du commerce : boulangerie, points chauds, pharmacie, etc., créant un espace flou et une entrée de commune complexe.

Et quand vient l’heure pour la commune de s’étendre, quelle place de choix que de proposer un espace au plus près des grands axes de circulations ? L’urbanité fini alors par englober le contournement. Un nouveau dilemme apparaît : réexposer des habitants à des nuisances qu’on avait souhaité mettre à distance (bruit, qualité de l’air, fréquentation) et créer une poche d'habitats isolée ou retracer une voie de contournement plus loin ?



Quoi qu'il en soit, la voirie reste une coupure franche entre deux entités qui ne se connecteront pas. On y créer quelques passerelles, passage piétons ou zone partagée pour tenter de se connecter à l’existant mais là aussi, la greffe ne prend pas sans décomposer la voirie existante et recréer une voirie plus urbaine. Ces opérations nécessite une refonte profonde de l’espace existant et la recomposition d'un front de rue vivant et partagé.

Opérer la transformation : portrait robot d'une entrée de commune qualitative

Les entrées de villes et de villages, tout comme leur traversée sont des lieux clés à prendre en compte dans les projets. Dès les Plans locaux d’urbanisme – communaux ou intercommunaux –, ces secteurs sont à intégrer dans la réflexion et ce, à partir du diagnostic :
  • Identification et préservation des éléments remarquables : point de vue, formation végétale, front bâti, éléments structurants, rythme, effets visuels, identification des séquences présentes, etc ;
  • Création d'Orientation d'Aménagement et de Programmation (OAP) "Entrée de ville" définissant des orientations préservant l'identité et les caractéristiques des lieux et/ou visant à mieux caractériser cet espace ;
  • Prévision dans les règlements de l'intégration de critères qualitatifs de gestion des limites privées : hauteur des clôtures, qualité des matériaux, maintien d'une certaines transparence visuelle entre espaces privés et espaces publics, etc.
Des interventions sobres, tissant un lien entre l’urbanisation et le paysage alentour peuvent y prendre place dans les espaces existants et non concernés par un acte d’urbanisme à court ou moyen terme. Des aménagements simples : banc, alignement d’arbres, bosquets, etc. ou uniquement une gestion particulière de l’espace peuvent permettre d’accompagner cette entrée.



Certaines entrées de commune comprennent des alignements d’arbres fruitiers traditionnels dans le paysage local, comme c’est le cas à Momerstroff, Retonfey, et bien d’autres !
©2023 Google - Entrée du village de Momerstroff par la D25A : Alignements de pommiers, poiriers et sorbiers.

Ces opérations peuvent s’inscrire dans une démarche participative en y joignant les riverains et associations locales. C’est alors l’occasion de créer du lien et de trouver un usage propice à la rencontre ou soutenant les actions d’acteurs communaux : agriculteurs, associations, etc.

Considérons les entrées de ville et de villages comme des portes au travers une frange/ceinture qualitative et vivante. Si l’entrée de ville doit être reconsidérée comme un espace de transition, celui-ci doit s’attarder à former une épaisseur de transition entre urbanité et paysages alentour tout autour de la commune. Cette frange peut, en plus d’ancrer nos villes et villages dans le grand paysage, permettre de fournir une ceinture vivrière, source de biodiversité et support d’autres mobilités, en connexion avec les sentiers et chemins agricoles pour composer un maillage doux inter-villageois.

Consultez ici le Livret Ménager les entrées de ville et de village du Plan Paysage

Un concours national des entrées de ville est conduit annuellement. Pour le découvrir et découvrir ses lauréats, cliquez ici !

Le Plan Paysages en action !

  • Projet PEPS : Quel territoire pour demain ?
    Les 6 classes de cette année scolaire poursuivent leur réflexion après avoir parcouru leur territoire quotidien et découvert les cartographies de leur commune. Cette année, un deuxième défi se greffe au projet : rendez-vous à la journée de restitution prévu le 4 juillet ... à vélo en valorisant les voies vertes présentes à proximité des écoles ! Une amorce à l'objectif fixé par le Ministère de l'éducation nationale : acquérir en fin de cycle 3, la compétence du "Savoir rouler à vélo" pour tous les enfants dès 2024.
  • "Silence ça pousse à Rostand !"
    Le Syndicat mixte accompagne le Collège Jean Rostand de Metz dans une réflexion autour de la végétalisation de sa cour. Un projet porté par la direction et les enseignants de l'établissement et s'ouvrant à la concertation avec les éco-délégués.
  • Exposition Terre Terrain Territoire
    Le territoire du Syndicat mixte du SCoTAM se prépare à accueillir l'exposition Terre Terrain Territoire créée par l'agence ANMA et produite par le CAUE Rhône Métropole. Elle sera visible dans plusieurs lieux d'exposition depuis la mi-octobre 2023 jusqu'à fin mars 2024. Le programme est en préparation, plus d'informations dans les prochains mois !
  • Café Paysage n°04 :
    intitulé "les franges : entre espace habité et espace cultivé, dessinons de nouvelles lisières !" s'est déroulé le mercredi 3 mai 2023 de 9h à 12h à Servigny-les-Sainte-Barbe. Consultez bientôt la Brève de Café retraçant l'évènement !

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